La situation en Haïti atteint des niveaux critiques, avec une montée en flèche de la violence qui menace de plonger le pays dans un véritable effondrement humanitaire. Marisela Silva Chau, cheffe de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) en Haïti, a récemment alerté sur l’urgence de la situation. “Nous sommes très préoccupés, car la situation atteint un point où nous pourrions faire face, dans un avenir proche, à un effondrement humanitaire”, a-t-elle averti lors d’une réunion à Genève. La capitale, Port-au-Prince, est désormais largement sous le contrôle de groupes armés, avec des conséquences dramatiques pour la population civile.
Les gangs, qui terrorisent le pays depuis des années, ont intensifié leurs actions, semant la peur dans les rues. Selon les Nations Unies, près de 85 % de la capitale est désormais dominée par ces groupes criminels. Cela a entraîné une explosion du nombre de déplacés internes, avec près de 1,3 million de personnes forcées de fuir leurs maisons. De plus, seulement 40 % des infrastructures sanitaires fonctionnent encore, laissant des millions de personnes sans accès aux soins. “Il y a 6 millions de personnes qui ont besoin d’aide urgente”, a précisé Marisela Silva Chau, soulignant l’ampleur de la crise humanitaire.
Cette violence, de plus en plus difficile à contenir, a pris une nouvelle forme avec la formation de coalitions de groupes armés. L’année dernière, des centaines de bandes se sont unies sous la bannière de “Viv Ansanm” (“Vivre ensemble”), une initiative qui a considérablement changé la dynamique du conflit. Ce nouveau phénomène a également conduit à la formation de groupes d’autodéfense, composés de civils, ce qui a aggravé la disponibilité des armes et alimenté les affrontements. Silva Chau a averti : “Cela pourrait conduire à une situation où la population ne serait plus passive face à la violence, mais activement impliquée dans les confrontations armées.”
En dépit des efforts internationaux pour soutenir Haïti, la situation semble hors de contrôle. Le déploiement de la Mission Multinationale de Sécurité (MMAS), menée par le Kenya, n’a pas permis d’endiguer la violence. Alors que la communauté internationale tente de venir en aide au pays, la Croix-Rouge redoute que la crise ne devienne irréversible si des mesures urgentes ne sont pas prises. “Haïti constitue clairement la pire crise humanitaire de l’hémisphère occidental”, a conclu Marisela Silva Chau, appelant à une action immédiate pour éviter un désastre encore plus grand.
