Haïti à bout : Morvan accuse le CPT de trahison et de silence complice

Une voix s’élève, plus forte que les discours officiels, plus directe que les promesses creuses. Celle de John Colem Morvan, influenceur, micro à la main, en colère. Tandis que la République s’effondre sous les coups de la violence des gangs, de la faim et du silence politique, l’animateur de l’émission Ayiti Kòtouni, dans une prise de parole sans détour, a lancé un véritable coup de tonnerre contre le Conseil présidentiel de transition (CPT), accusant ses membres de trahison envers le peuple haïtien et de se comporter comme des kokorat.
Il nomme les choses, il nomme les gens. Le Conseil présidentiel de transition ? « Une machine sans moteur, occupée par des profiteurs », a déclaré Morvan. Selon lui, Fritz Alphonse Jean est « un homme sans vision, perdu dans l’ombre de ses promesses ». Quant à Leslie Voltaire, c’est « un habitué du système, jamais du changement. Ils ne servent pas Haïti, ils se servent d’Haïti », déclare-t-il.
Dans son viseur , Fritz Alphonse Jean, Leslie Voltaire, mais aussi d’autres figures que l’opinion publique commence à associer à des scandales passés, notamment celui de la BNC une affaire dont on ne connaît ni les véritables auteurs ni les commanditaires, mais pour laquelle tout le monde semble savoir où pointer du doigt.
Depuis des mois, les autorités dominicaines multiplient les rapatriements forcés, parfois violents, de migrants haïtiens. Des familles sont séparées, des femmes enceintes expulsées, des enfants abandonnés aux frontières. Et que fait le CPT ? Rien. Pas un mot. Pas une réaction diplomatique. Pour Morvan, ce silence est une insulte à tous ceux qui souffrent.
« Un gouvernement qui ne protège pas ses enfants à l’étranger n’a aucune légitimité à parler en leur nom. »
Morvan ne cherche pas de poste, il cherche des réponses. Et il en réclame pour les 7 000 morts violentes de l’année écoulée, pour les millions d’Haïtiens sans pain, sans eau, sans espoir. Il interpelle, il incarne surtout une chose rare : la constance dans la lutte.
Morvan ne vient pas de l’élite, mais de la base. C’est dans les marchés, dans les transports, sur les réseaux sociaux qu’il est entendu. Pas comme un héros, mais comme un miroir : celui des frustrations accumulées, des espoirs trahis, de la dignité oubliée.
Et si ses mots sont parfois durs, c’est peut-être parce que le moment l’exige. Car Haïti ne peut plus attendre des réformes lentes. Elle a besoin de ruptures, de réveils, de voix fortes.
Les paroles de Morvan résonnent fort. Elles dérangent. Elles provoquent. Mais surtout, elles réveillent. Car au fond, ce qu’il crie, des millions d’Haïtiens le pensent tout bas : le pays n’a plus le luxe d’attendre. Il faut un changement radical.