MIGRATION

À Dajabón, l’enfance haïtienne traitée comme une menace

Les récents propos du maire de Dajabón, Santiago Riverón, illustrent une fois de plus la montée inquiétante d’un discours xénophobe et déshumanisant à l’égard des Haïtiens en République dominicaine. Alors qu’il justifie l’arrestation d’enfants sans accompagnement adulte dans un parc public au nom de « l’ordre » et de la « culture », il va jusqu’à inviter ses détracteurs à adopter des mineurs haïtiens pour « voir ce qui se passera dans quelques années ». Des déclarations glaçantes, qui banalisent l’exclusion sociale et institutionnelle d’une population déjà vulnérable.

Ce n’est pas seulement le ton, mais aussi les actes qui choquent, des enfants, déjà en situation de grande précarité, ont été déplacés par la force par des agents de migration et transférés vers un centre de détention. Le tout, sous les yeux d’une population divisée entre peur, désinformation et résignation. Le maire nie tout abus, mais oublie que l’absence de brutalité physique ne signifie pas l’absence de violence. Enfermer des enfants pour apaiser l’opinion publique ou pour des considérations identitaires, c’est franchir une ligne rouge que toute démocratie devrait refuser de franchir.

Heureusement, le Conseil National pour l’Enfance et l’Adolescence (CONANI) a élevé la voix pour dénoncer une opération menée « de manière arbitraire et irrégulière », en violation directe des lois dominicaines de protection de l’enfance. Mais cela suffit-il face à une rhétorique politique qui oppose l’ordre à la compassion, et la souveraineté à la dignité humaine ? Quand des enfants deviennent les boucs émissaires d’une crise migratoire mal gérée, c’est toute une société qui trahit ses principes fondamentaux.

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