Liberté de la presse : Joseph Jean Daniel, Victime de son métier journalistique témoigne en ce 3 mai

En ce 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, une voix longtemps réduite au silence par la peur et la violence s’élève à nouveau. Celle de Jean Daniel Joseph, connu du public sous le nom de Waka Waka, ancien journaliste à Radio Télé Zenith et Radio Télé Megastar.
Son histoire, longtemps gardée dans l’ombre, témoigne du prix que certains journalistes paient pour avoir simplement exercé leur métier.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2020, Waka Waka a vécu l’impensable. Chez lui, à Croix-des-Bouquets, cinq hommes armés ont fait irruption. Ils ont ouvert le feu dans le quartier, semant la panique, puis ont brisé la porte de sa maison pour pénétrer à l’intérieur. Ce qui suivra est une séquence de brutalité et de terreur.
« Ils ont tiré sur mon chien, ont saccagé la maison, puis ils se sont tournés vers nous », se rappelle-t-il. Lui, sa femme et leur enfant seront passés à tabac, humiliés, et menacés de mort. La raison ? Ses prises de position à la radio. « Ils m’ont dit d’arrêter de parler du gouvernement, d’arrêter de dire la vérité au peuple. Sinon, ce serait la fin pour moi et ma famille. »
Son matériel professionnel volé, la boutique de son épouse incendiée, son intégrité physique et morale détruite, Jean Daniel Joseph n’a eu d’autre choix que la fuite. Il a abandonné sa carrière de journaliste et s’est exilé pour échapper à ce qui ressemblait à une exécution programmée.
Aujourd’hui, en cette journée censée célébrer la liberté de la presse, son témoignage fait froid dans le dos. Il rappelle que dans de nombreux pays, dont Haïti, informer est un acte de courage, parfois payé au prix fort.
« Je parle aujourd’hui parce que le silence nourrit l’impunité. D’autres vivent la même chose que moi et n’osent pas en parler », affirme-t-il.
Le cas de Waka Waka n’est pas isolé. Il s’ajoute à la longue liste des journalistes menacés, exilés, agressés ou assassinés en Haïti, un pays où les médias indépendants sont constamment sous pression, entre violences politiques, criminalité et absence de justice.
En ce 3 mai, la communauté internationale est appelée à ne pas détourner le regard. Car protéger les journalistes, c’est protéger la vérité. Et sans vérité, il n’y a ni justice, ni démocratie.