Migration: La République dominicaine renforce un système de plus en plus raciste contre les Haitiens

La République dominicaine poursuit une politique de plus en plus dure envers les migrants haïtiens, sous couvert de « contrôle migratoire ». Lundi, le président Luis Abinader a remis 50 camions et 8 bus à la Direction Générale de la Migration (DGM), portant à 118 le nombre total de véhicules destinés à l’expulsion de migrants en grande majorité des Haïtiens. Cette opération, menée en grande pompe, révèle les contours d’une politique que de nombreuses voix qualifient de raciste et inhumaine.
Depuis plusieurs mois, les autorités dominicaines mettent en œuvre une série de mesures répressives qui ciblent clairement la population haïtienne, souvent perçue comme un bouc émissaire des maux sociaux et économiques du pays. Début avril, pas moins de 15 nouvelles mesures ont été adoptées pour « freiner » la migration haïtienne. Résultat : des centaines de personnes, femmes, enfants, familles entières sont arrêtées, entassées dans des camions, puis refoulées vers un pays en crise, sans garantie de sécurité ni de respect des droits humains.
Les propos du vice amiral Luis Lee Ballester, directeur de la Migration, évoquant une « capacité opérationnelle renforcée », trahissent une vision purement logistique et déshumanisante de la migration. Les migrants sont traités comme des « charges » à déplacer, non comme des êtres humains en détresse.
Pire encore, cette politique est menée sous silence. Lors de la cérémonie de remise des véhicules, le président Abinader n’a fait aucune déclaration à la presse, évitant ainsi d’avoir à répondre aux critiques croissantes de la communauté internationale et des défenseurs des droits humains.
Les expulsions massives s’opèrent dans une ambiance de chasse à l’homme, alimentée par un discours politique teinté de xénophobie. Il ne s’agit plus seulement d’appliquer la loi migratoire, mais bien de consolider une frontière ethnique, dans laquelle être noir et haïtien est devenu un motif de persécution.
Malgré les appels répétés à l’aide internationale, notamment pour résoudre la crise en Haïti, le gouvernement dominicain semble préférer la répression au dialogue, l’exclusion à la solidarité. En refusant de reconnaître la dimension raciale de sa politique migratoire, la République dominicaine s’enferme dans un nationalisme de plus en plus brutal, aux relents coloniaux.