SOCIETE

Affaires et Controverse à l’Université du Bas-Artibonite : Le Fils du Recteur au Cœur d’une Gestion Contestée

L’Université publique du Bas-Artibonite (UPBA) à Saint-Marc, une institution étatique déjà fragilisée par des années de gestion critiquée, se trouve une nouvelle fois sous les projecteurs en raison de décisions administratives controversées. Lors de sa prise de fonction en octobre 2021, Wilfrid Azarre, nommé recteur de l’Université, avait pour mission de redresser l’institution après la révocation de son prédécesseur, accusé de négligence et d’absentéisme. Pourtant, c’est une autre situation qui alimente désormais la polémique : l’attribution d’un poste clé à son propre fils, Adzenwiller Azarre.

Selon un article récent du journal AyiboPost, l’ascension d’Adzenwiller Azarre au poste de directeur des opérations suscite de vives interrogations. En effet, ce dernier ne possède aucun diplôme universitaire officiellement enregistré dans ses archives à l’Université, une information confirmée par l’ex-responsable des ressources humaines, Oginer Emilzo. Toutefois, Jean Eros Bayard Vincent, ancien administrateur de l’UPBA, a mentionné l’existence d’un certificat attestant d’études en droit, bien que la question de savoir si ces études ont été complétées demeure floue.

Avant d’assumer ce rôle controversé, Adzenwiller Azarre avait été responsable de la section informatique de l’institution. Mais c’est son entrée à la direction des opérations qui alarme une partie de la communauté universitaire. Ce changement de poste semble soulever des doutes sur la transparence et l’éthique des décisions prises par la direction de l’Université.

L’élément le plus préoccupant dans cette affaire est sans doute la rémunération d’Adzenwiller Azarre, qui va bien au-delà de son salaire fixe. Selon des informations obtenues par AyiboPost, il bénéficie de fréquents per diem, une pratique qui, bien qu’autorisée dans certains cadres, soulève des questions sur la gestion des fonds publics. Quatre chèques, récupérés par le journal, indiquent un montant de 988 000 gourdes, une somme qui ne passe pas inaperçue dans le contexte économique difficile que traverse Haïti.

Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres scandales d’héritage de pouvoir au sein de certaines institutions publiques, où les liens familiaux semblent primer sur les critères de compétence et de mérite. De nombreux observateurs s’interrogent sur la possibilité d’une forme de népotisme au sein de l’UPBA et les conséquences d’une telle gestion sur l’avenir de l’université, déjà fragilisée par des années de crises administratives.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Des membres de la communauté universitaire, ainsi que des acteurs de la société civile, ont exprimé leur mécontentement face à ce qui semble être une gestion opaque des ressources publiques. « L’Université devrait être un lieu d’excellence, non un terrain de jeu pour les intérêts familiaux », déclare un professeur anonyme. Certains réclament une enquête sur l’usage des fonds publics et sur la légalité des nominations effectuées par le recteur Azarre.

Pour sa part, Wilfrid Azarre, le recteur de l’Université, n’a pas encore réagi officiellement aux accusations qui pèsent sur son administration. Alors que la communauté universitaire attend des éclaircissements, cette affaire vient ajouter une nouvelle couche à l’image déjà ternie de l’UPBA, plongeant l’institution dans une crise de confiance qui pourrait avoir des répercussions sur son avenir.

Dans un contexte où les universités publiques haïtiennes sont en proie à des difficultés financières et structurelles, les citoyens, étudiants et professeurs se demandent si l’avenir de l’éducation dans le pays peut être assuré sous de telles conditions de gestion.

 

 

Snaida Frederic

Author

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button