ANALYSE

Analyse – Crise haïtienne : les États-Unis ferment la porte, mais gardent un œil ouvert

 

Alors que la violence continue de ravager Haïti et que les gangs imposent leur loi sur la capitale et au-delà, les États-Unis viennent d’annoncer une interdiction d’entrée sur leur territoire pour les ressortissants haïtiens et ceux de douze autres nationalités. Cette décision, qui prendra effet lundi prochain. Elle peut être lue comme une tentative claire de prévention face à un afflux massif.

Paradoxalement, cette fermeture s’accompagne d’un geste diplomatique : l’arrivée imminente, le 12 juin, du nouveau chargé d’affaires américain en Haïti, Henry Wooster. Ce double mouvement fermeture des frontières et renforcement de la représentation diplomatique, pour certains c’est l’ambivalence américaine. D’un côté, Washington entend se protéger d’une crise perçue comme incontrôlable ; de l’autre, il cherche à maintenir un levier d’influence stratégique à Port-au-Prince. Une présence qui, sans intervention militaire directe, permet aux États-Unis de continuer à jouer un rôle clé dans les équilibres régionaux, tout en évitant un engagement frontal.

Une decision qui, dans une posture plus large des États-Unis vis-à-vis de l’hémisphère sud. En multipliant les messages sécuritaires, comme l’ont récemment fait le sénateur Marco Rubio ou encore le département d’État lors de visites dans les Caraïbes, Washington construit un narratif où Haïti devient un risque régional à surveiller plutôt qu’une urgence humanitaire à résoudre. Ce glissement de perception oriente les réponses politiques : la coopération se fait distante, les frontières se ferment, et l’action militaire est confiée à d’autres, comme la future mission multinationale appuyée par l’ONU.

L’interdiction d’entrée pour les ressortissants haïtiens n’est pas seulement une mesure migratoire. Elle s’inscrit dans une dynamique plus vaste, dans laquelle les États-Unis tentent de gérer la crise à distance tout en gardant un contrôle politique indirect. Pour Haïti, cela signifie une nouvelle fois être réduit à une case sur l’échiquier géopolitique régional une case instable, surveillée, mais laissée seule face à l’effondrement.

 

E.M

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