CULTURE

Grande première pour Kolonel Freez au Festival Kompa : entre promesse artistique et malaise social

Le Festival Kompa, événement incontournable de la diaspora haïtienne, a accueilli un nouveau visage sur scène cette année : Colonel Freez. Pour sa première participation, l’artiste était attendu avec enthousiasme par une partie du public. Mais si la musique était au rendez-vous, les mots, eux, ont suscité un malaise inattendu.

Dans une atmosphère surchauffée, sous un soleil de plomb, Kolonel est monté sur scène avec confiance. Micro en main, il a offert une prestation, notamment avec le titre « Kiyès ki chèf », qui a brièvement éveillé l’intérêt de la foule, “men’m gigit la, li pa gou nan ddjol”. Quelques fans ont chanté, d’autres ont filmé, mais l’énergie n’a jamais vraiment explosé.

« Il a du talent, c’est évident, mais il manquait un lien avec le public », confie une spectatrice présente depuis les premières heures du festival.

Une déclaration qui fait polémique

Là où Kolonel Freez a marqué les esprits, ce n’est pas sur scène, mais dans les coulisses. Invité au micro de l’animateur Ghandy, il a tenu des propos qui ont enflammé les réseaux sociaux :

« Mwen pa vin Ozetazini pou pote bwat. Mwen se atis. » declare t-il.
Une phrase lancée avec assurance, mais qui a provoqué un véritable tollé. Dans la diaspora haïtienne, nombreux sont ceux qui jonglent entre plusieurs emplois, y compris chez Amazon ou dans des entrepôts  pour subvenir à leurs besoins. Pour certains, les paroles de Kolonel sonnent comme un mépris de classe, voire une attaque contre ceux qui font vivre leur famille en silence.

« Tout le monde ne peut pas vivre de sa passion. Ce n’est pas une honte de travailler dur », a réagi un internaute sur Twitter.

La déclaration de Kolonel Freez révèle en creux une tension bien connue au sein de la communauté haïtienne de l’étranger : celle entre l’aspiration artistique et la dure réalité économique. Il y a ceux qui rêvent de scène, et ceux qui n’ont pas le luxe de rêver. En mettant les pieds dans ce débat, Kolonel a sans doute voulu affirmer sa vocation. Mais il l’a fait au risque de blesser une communauté qu’il prétend représenter.

Le Festival Kompa s’est terminé, mais laisse un arrière-goût amer pour certains. Colonel Freez, lui, a gagné en visibilité. Mais à quel prix ?

Author

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button