Dorothy Shea réagit sur la situation d’Haïti au Conseil de Sécurité de l’ONU

À la réunion de travail du conseil de sécurité des Nations unies, le 21 avril 2025, l’Ambassadrice américaine Dorothy Shea a réagit sur la situation d’Haïti qui fait face à une crise multidirectionnelle. L’intervention de l’ambassadrice met en lumière l’atrocité que vit le peuple depuis plusieurs mois. Lisez ci-dessous son intervention dans son intégralité.
Merci à la RSSG María Isabel Salvador, au Dr Monica Juma et à Mme Pascale Solages pour leurs exposés. Je tiens également à exprimer ma gratitude à toute l’équipe du BINUH pour ses efforts en Haïti.
Le rapport trimestriel du Secrétaire Général et les déclarations que le Conseil vient d’entendre montrent clairement une tendance inquiétante à la hausse des décès, des signalements de violences sexuelles et du recrutement d’enfants par des gangs, et Haïti continue de faire face à de graves problèmes de sécurité et de gouvernance.
Nous présentons nos condoléances aux citoyens haïtiens pour les vies perdues, ainsi qu’au peuple et au Gouvernement kenyan pour la perte de membres de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS).
Dans ce contexte, Représentante spéciale du Secrétaire Générale pour l’Haïti, Salvador, nous saluons vos efforts et ceux de votre équipe pour mettre en œuvre le mandat du BINUH. Cependant, comme votre rapport l’indique clairement, la situation sécuritaire entrave sérieusement votre capacité à le faire.
La violence des gangs continue de perturber les services essentiels dont le BINUH a besoin pour remplir son mandat. Actuellement, le BINUH maintient une équipe réduite sur le terrain en Haïti, le reste du personnel travaillant à distance. De plus, le soutien médical du BINUH se limite à un seul médecin, une infirmière en alternance et un médecin du programme des Volontaires des Nations Unies.
L’équipe du BINUH reste entravée sur le plan opérationnel et sa capacité à s’acquitter efficacement de son mandat est limitée. Comme l’ont rappelé le BINUH et la RSSG, une mission politique spéciale à elle seule n’est ni mandatée ni suffisante, même avec des mesures de sécurité renforcées, pour relever les défis sans précédent posés par l’escalade de la violence des gangs.
De plus, le pays accuse un retard considérable dans l’organisation des élections et le rétablissement de l’ordre démocratique.
De profondes inquiétudes subsistent quant à la sécurité dans la région de Port-au-Prince et de plus en plus, au-delà de la capitale. Les États-Unis soutiennent la déclaration de la CARICOM condamnant toute action visant à déstabiliser les institutions gouvernementales haïtiennes.
Nous continuons de soutenir les efforts déployés par la MMSS dirigée par le Kenya pour aider la Police Nationale d’Haïti à lutter contre ces gangs armés.
La corruption demeure un problème majeur. Nous condamnons les agissements de ceux qui commettent des abus de pouvoir, collaborent avec les gangs et participent au trafic d’armes et de munitions. Un environnement propice à de telles activités malveillantes ne fera qu’alimenter la violence des gangs et empêchera la résolution de la situation.
Nous attendons avec intérêt les prochaines recommandations du Groupe d’experts sur Haïti concernant les cibles des sanctions. L’imposition par l’ONU de gels d’avoirs et d’interdictions de voyager à l’encontre des chefs de gangs et de leurs facilitateurs constitue un outil important dont dispose le Conseil de Sécurité pour promouvoir la responsabilisation des personnes qui déstabilisent Haïti.
Soutenir les efforts de lutte contre la corruption et promouvoir la responsabilisation des responsables d’abus est impératif pour faciliter une fin rapide de la violence.
Enfin, nous sommes conscients de la gravité de la situation sécuritaire qui exige que nous prenions en compte la pérennité des efforts de stabilisation de la communauté internationale, tant du BINUH que de la MMSS
Le Gouvernement américain continue de collaborer étroitement avec le BINUH, le Gouvernement haïtien, la MMSS, l’Organisation des États Américains et la communauté internationale pour faire avancer les choses. À cette fin, nous encourageons les acteurs et donateurs internationaux à s’asseoir à la table des négociations et à apporter leur juste contribution.
Tout en restant déterminés à aider le peuple haïtien à atteindre la Paix, la sécurité et la prospérité qu’il mérite, et tout en reconnaissant notre gratitude aux pays qui ont contribué financièrement et en nature à la MMSS, les États-Unis ne peuvent continuer à assumer un fardeau financier aussi lourd.
Je vous remercie. »